Il y a des lustres que le fait de vous laisser un petit mot me chatouille en grand, sachez-le.
C’est que la seule idée d’un unique réceptacle possible pour cela, qui de plus est le charnier du Net, a fait pousser les glaçons sur mon arbre à envie… ha ha !
Un peu comme vous, je déserte…
Pour l’heure, je n’y tiens plus, au Diable les poupouces et sourires numériques.
(Qu’on se le dise : si certains et certaines d’entre vous reçoivent des messages débiles de ma part : ce n’est pas moi. Et oui ! Faux comptes etc… Décharge publique et gabegies magnifiquement immaîtrisables)
Un nouvel album d’Eiffel sortira le 3 Octobre. Il a pour nom « La peur et le vent ».
Allez, je bouge les mots : l’album d’un nouvel Eiffel.
Fortement inspiré par les trucs qui m’ont traversé les oreilles pré-adolescent… les Eighties. Pas ceux des machines mais ceux des albums dits « joués » : Thriller, Let’s Dance, Scary Monsters et tutti quanti…
Avec évidemment la volonté de transformer l’inspiration en un mouvement personnel et avec le souci de la contemporanéité. Déplacer la chose.
Pas gagné mais excitant !
Le « dialogue amoureux dans un monde qui titube » dont j’ai déjà parlé, en étant le leitmotiv principal.
Hugo Cechosz, Nicolas Bonnière, Estelle Humeau, Guillaume Marsault, Joseph Doherty, Frédéric Vitani, Kei Mc Gregor, Salomé Humeau, Vincent Louvet, Marie d’Angleville y ont participé joliment.
Mon ami musicien de longue date Benoît Burello alias BED en ayant finement écrit la biographie.
Avec Thomas Cointot, mon pote d’enfance qui tient SeedBombs d’une main de fer, et Estelle, nous avons produit l’album et avons décidé de nous associer à Pias-Integral pour le distribuer.
Joyeux contact avec Xavier Gatinel qui en est le boss et qui est un fin mélomane. Rare par les temps qui courent…
Vous l’aurez compris, on est sur la musique, l’art et tout ce qui peut transcender la réalité pour mieux l’exalter : ce qui nous semble essentiel.
De fait on peut être considérés comme vaguement « largués », et dans ce cas précis : tant mieux. Le monde ne marchant que sur l’idée du commerce de l’autre, du marketing et de l’intensif (musique, agriculture, ingérence etc…), ce à quoi l’on répond gentiment : Fuck Off (car c’est facile, agréable et joli).
Comme à l’accoutumée, le boulot est artisanal : on y tient.
Autant le dire : il était moins le quart pour que tout cela voit le jour et nous sommes donc revigorés à l’idée de pouvoir peut-être passer à travers les gouttes des sinistroses de l’industrie musicale.
Base Production pour nouveau tourneur : nous en sommes ravis.
On nous dit qu’il devrait y avoir pléthore de concerts jusqu’à fin 2026, dont une première trentaine, vous avez peut-être vu ça, est déjà annoncée.
Ça c’est chouette ! Nous allons nous retrouver en chair et en os.
Et le jour où l’on pourra parler et afficher à nouveau, on parlera et affichera de Diou !
Se retrouver sur de nouvelles chansons comme d’anciennes remaniées. Toutes autant piochées dans le répertoire Eiffel que R. Humeau.
« La peur et le vent » est un virage de longue haleine : Covid, déménagement, construction d’un nouveau Studio des Romanos, Eiffel Projet-Nébuleuse et non Groupe à proprement dit etc… Ce virage étant pensé comme un aboutissement sur une ligne qui se voudrait possiblement droite : les albums et tournées devraient s’enchaîner à nouveau. Tout est sur le feu : chansons, différentes lignes éditoriales pour albums à venir, timings et embûches à éviter. Il y en a…
Je me pince en imaginant faire partie de ces chanceux à qui, au moment des vieux jours, on ne demandera jamais : « Tu faisais quoi avant ? ». Je ne sais pas si ça se gagne car en bon anticapitaliste primaire, je n’ai jamais cru aux méritocraties, mais une chose est sûre : ça se sue dans les tourmentes !
De le dire : heureux, que dis-je déca-heureux de sortir cet album ! Partir en tournée avec des personnes que j’aime, motivées-excitées. Avec le brin d’humour et de pataphysique qui rissole vos frites, ainsi que la conscience sacrée du truc : le Rock (quand bien même « La peur et le vent » est pensé comme un album de Pop : « Pop ouverte ».)
On sait tous que cela va être chaud les marronniers : pas Newcomers pour un sou, musique non écoutée par la partie du monde à qui s’adressent pour l’heure les médias (surtout ceux à qui ils appartiennent), propos à la marge et salade grecque.
Ça se fera avec vous : « comme avant » me direz-vous, mais à mon avis, encore bien plus. Cette histoire d’Eiffel est devenue un corps mouvant dont les chorégraphies sont en partie autosuffisantes. La complexité principale étant d’arriver à vous faire passer l’info. Ce qui est le comble à l’ère de la pseudo instantanéité : chaque message est remplacé à la seconde qui suit par un autre. Verticalité mortifère. Apprentissage de la lecture… Du coup : gesticulations, « être là, être là, être là pour l’algorithme chéri », devenir l’outil, l’occupation du connaud… Dès potron-minet, ça me gonfle et me trotte sur le potiron un tantinet… euphémisme. Mon métier c’est d’écrire des chansons et les jouer, ainsi que le fait de « mentir pour faire venir la réalité » comme dit ce cher David…
Par contre, n’étant pas indifférent à une forme de perversité, je vais, nous allons par moment jouer ce jeu au crâne débile, voir si quelque chose d’un peu artistique en résulterait.
Il nous faut rigoler en somme.
Homme sandwich pourquoi pas… ça dépend qui te mange.
Je dis « vous », mais ce « vous » est bien sûr un « vous » mouvant : je pense à ceux qui aiment de longue date, ceux qui ont quitté (aimant moins certaines directions artistiques), ceux qui découvrent et qui vont découvrir (les djeun’s, les moins djeun’s, peu m’importe, l’entertainment cherche sa cible, la musique n’en a pas), ceux qui vont détester, détracteurs de tout poil… et je remercie tout le monde d’avance. Bisous, bisous !
Pendant ce temps-là, ça cherche… ça ne trouve pas… mais ça s’approche. Asymptote.
Cela pourrait être effrayant d’imaginer vivre de sa musique dans un monde où, depuis 15/20 ans, la qualité même de celle-ci n’est évaluée qu’au nombre de pouces achetés par ceux qui ont la fraîche. « Aimée par des robots » quoi…
Encore plus effrayant d’imaginer que, depuis peu, 20 % de la musique fournie sur les plateformes (portant bien leur nom…) est créée par des robots (IA générative).
Donc « créée et aimée par des robots »… Étonnant non ?… Personne ne bronche.
La toujours bienveillante Speakrine du service public, bonne arbitre de touche, en faisant la chronique : vous savez le « … Cet album est génial, il a fait un milliard de vues en 10 secondes !… », rapport de cause à effet à obsolescence programmée avec gentil Papa qui mouille ayant l’impression qu’on lui parle de transition, de « progrès » et de « modernisation » de l’avenir quoi…
Adorable.
Tout ce charmant bousin cumulé aux coupes culture, aux gabegies et menteries de certaines institutions finissant par « …de la musique », ceux dans une géopolitique mondiale somme toute hideuse, eh bien Yes, ça pourrait être pour le peu anxiogène. Aura-t-on les moyens énergétiques pour faire les bornes concerts qui nous sont proposées ?
Continue-t-on à se faire dévaster financièrement par le streaming (user centric – user metric – Bombadombadom) ?
On ne va pas « acheter » un album que l’on a choisi, on se donne le potentiel accès au « grand tout » non choisi : pas vraiment le même geste… En refourguant sa petite donnée au passage, comme ça, par hygiène.
Archi plus polluant que le physique, non signable, non offrable, non léguable, potentiellement disparaissable à tout moment : « Travels in Nihlon ».
Au niveau de l’invention, c’est absolument génial je trouve.
Effrayant.
Eh bien non : on y va. Cœur au ventre. Essayer de trouver un peu de sens ailleurs. Sans cynisme, juste en restant concentrés sur l’essentiel.
Rien à voir avec le fait d’être physiquement bombardés chaque jour, chaque nuit par quelques extrémistes.
Comme vous, on va tâcher de recréer en permanence la place que nous nous sommes choisie. La plus juste à nos yeux. En ayant l’honnêteté de savoir changer d’avis après avoir mieux appris.
Et dans les spirales, en me concentrant, je trouve un peu confiance.
En vous. Le « Vous » mouvant.
En toute personne avec qui j’ai la chance de traverser tout cela.
En une forme artisanale d’inaltérable mano à mano.
En écoutant tout excité (et en les remerciant) Feu! Chatterton, Laura Cahen, Kendrick Lamar, Camille, Bertrand Belin, Emily Loiseau, Tyler the Creator, Avishai Cohen, Brigitte Fontaine, Pogo Car Crash Control et tant d’autres…
En ayant un regard aimant sur Thomas Brail, le GIEC, Camille Etienne, les soulèvements de la Terre et tant d’autres qui « font ».
En passant au travers des cancers étatiques coulant à flots aux robinets du vulgum pecus ou dans les bouteilles Nestlé, des PFace, de l’Hexane, des pesticides en tout genre autorisés par l’État, du manque de haies, de fossés pour soigner les terres, des tristes sires ayant inventé le mot « Éco-terroriste » (on l’est tous), des 50 000 lobbyistes à Bruxelles, aux créateurs de poison/refourgueurs d’antidote, aux extractivismes et tant d’autres laideurs.
J’ai confiance en la marge et en un sursaut de lucidité chez nous les anciennement Ahuris et désormais sidérés.
Rom